De retour de Martinique, je rejoins ma petite amie à Montpellier. Je fais de l’intérim et réussis à rentrer chez IBM en CDD ce qui nous permet de nous installer ensemble. Je rentre dans une vie classique, mais au bout de 2 ans nous nous séparons.

Alors j’achète un van que j’aménage et je pars sillonner l’Europe pour apprendre l’anglais. Je traverse la Suède, un pays superbe mais trop cher lorsqu’on ne peut pas y travailler. Alors je reviens au Danemark, Copenhague, où je trouve du boulot et un logement. Je livre les journaux chez les particuliers, à vélo à 5 heures du matin dans la neige, sachant qu’ils portent presque tous le même nom, pas évident. Puis je donne des cours de maths aux enfants dans les ambassades du Maroc et de la Grèce. Je me découvre un talent, une vocation: l’enseignement. Je mets ensuite mon van sur le Ferry, et lui et moi traversons la manche. Je trouve du travail à Galway en Irlande où je reste 6 mois à perfectionner mon anglais. Dans la baie de Dingle, de retour du surf, je vois un aileron dans l’eau. J’arrête le van sur le bord de la route, je remets ma combi, je plonge dans la mer et je nage et joue pendant une heure avec un dauphin. La véritable rencontre du 3eme type.

Je réussis à économiser un peu d’argent et je reprends la route. Direction l’Europe de l’Est, moins cher que le Scandinavie. Je passe par l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Pologne qui vient de sortir de l’ère soviétique. A Cracovie, ville du pape, je suis le premier homme aux cheveux longs qu’ils voient dans la rue. Le premier Macdo va ouvrir ses portes, une fille me raconte qu’il n’y pas si longtemps elle devait aller chez son médecin pour demander une ordonnance pour pouvoir s’acheter une robe. Je vois devant moi un régime s’écrouler et laisser la place au capitalisme. Je vois la joie et l’espoir d’une jeunesse qui se projette enfin dans l’avenir. Je croise le regard perdu des personnes âgées bloquées dans l’ancien régime, qui errent comme des zombies dans les rues au milieu des imposants palais soviétiques et des bâtiments modernes en construction, entre les Ferrari des nouveaux riches et les voitures d’une autre époque qui fument comme des locomotives. Je suis témoin de cette page de l’histoire, et je me rends compte de la chance que j’ai d’être Français. Sur la route du retour je traverse l’ex-Yougoslavie et je ressens la guerre encore palpable, les impacts de balles et d’obus dans tous les murs, je vois dans les yeux des habitants qu’ils ont subit ou commis des atrocités. Ma place n’est pas ici, j’en ai assez vu, je rentre en France, je gare mon van et je décide de m’installer.